Aladdin [Super Nintendo] Capcom à l'ombre de la Megadrive
Novembre 1992, sortie cinéma d'Aladdin aux États-Unis, et carton monumental qui en fait le plus gros sucés de l'année et qui se confirmera avec les sorties internationales pour la fin d'année 93. Comme il est de coutume, Disney programme une adaptation vidéoludique. Tout le monde garde en mémoire le jeu de Virgin sortie sur Megadrive, où le talent de David Perry va donner naissance à un des titres majeurs de la console de Sega. Quasiment en même temps sort une autre adaptation, cette fois porté par Capcom sur Super Nintendo, qui va lui laisser peu de trace malgré de réelles qualités. Pour une fois intéressons nous à ce Aladdin injustement oublié.
A cette époque, Capcom n'en est pas à son coup d'essai et adapte des jeux Disney sur les consoles de Nintendo depuis la fin des années 80, dont une grande majorité de petit bijou de la plateforme. La compagnie d'Osaka a d'ailleurs l'exclusivité sur Nintendo, ce qui explique les deux versions concurrentes qui sortent en même temps.
Pour la petite histoire un nouveau chez Capcom va aussi faire ses armes sur ce jeu avant d'en devenir une des grandes stars, et il ne s'agit rien de moins que de l'illustre Shinji Mikami, crédité en tant que designer.
Salary Man aka Shinji Mikami |
Le Aladdin de Capcom est beau mais ne sort pas du lot, il est très agréable à jouer mais n'apporte rien de neuf. Il aurait pu être un jeu Mickey ou Duck Tales sans que l'on puisse voir la différence.
Cela explique surement le relatif désamour (le jeu s'est tout de même bien vendu avec 1.7M d'exemplaires) et l'oubli dans lequel il a pu sombré quasiment dès sa sortie. David Perry et son Aladdin vont faire les couvertures des magazines de l'époque et obtenir des critiques flatteuses. Juste après, le jeu de Mikami aura aussi de très bonne critiques mais restera très en retrait. Je crois pourtant qu'il mérite un peu plus de considérations, surtout grâce à un gameplay de tout premier ordre.
Chez Capcom, on sait faire des jeux de plateforme, et Aladdin en est un très bel exemple. Maniabilité au millimètre, efficace et fluide, qui permet d'apprécier un level design finement étudié. La difficulté progresse de façon graduelle et permet d'avoir une courbe de progression parfaite pour s'adapter aux pièges qui vont émailler les niveaux. Il est possible de récupérer une toile qui permet à Aladdin de planer après un saut, cela facilite les passages les plus ardus mais permet aussi d'atteindre des zones cachées. Les débutants peuvent ainsi avancer même dans les endroits plus dures et les joueurs plus experts recherché les diamants rouges afin de compléter le jeu à 100%.
En face du Aladdin Megadrive, un peu plus lourd à manier et moins précis, le jeu de Capcom est à mon sens supérieur en terme de plaisir de jeu.
J'ai insisté sur la qualité de graphisme et d'animation du jeu de David Perry, qui donne l'impression de jouer directement avec le dessin animé. Il a pu bénéficier d'une relation très étroite avec Disney qui a carrément dépêché des animateurs maison auprès du studio, et cela se ressent très clairement quand on voit Aladdin en mouvement. Mais chez Capcom on a peut être pas des animateurs de chez Disney mais on a d'excellents artistes et Aladdin fait honneur aux capacités de la Super Nintendo, le choix et les dégradés des couleurs sont superbes, ce qui donne un jeu beaucoup plus chatoyant que la version Megadrive et le tout est d'une très grande finesse.Ce qui manque peut être c'est un peu de folie et d'humour que David Perry a insufflé dans son jeu et qui lui donne plus de caractère.
Revue de presse express
Aladdin va obtenir d'excellentes critiques dans la presse spécialisée, tout en s’effaçant totalement derrière le mastodonte de Virgin Games.
Consoles+ lui décerne un 93% et Switch se pose la question fatale, lequel des deux Aladdin est le meilleur? "ces deux softs rivalisent de beauté et de jouabilité"! Pourtant dans le numéro précédent c'est bien le jeu Megadrive qui fait la couverture et a droit à un test dès les premières pages et une note de 95%.
Même chose pour Joypad qui consacre carrément un booklet complet pour Aladdin Megadrive et le dessin animé, et réserve un test normal pour la version Super Nintendo dans le magazine du mois suivant.
Test très complet pour Player One, qui donne un très bon 91% mais qui regrette une trop grande facilité. Les graphismes, la jouabilité sont reconnus de très haut niveau. Une fois de plus la vedette c'est le Aladdin Megadrive qui hérite d'un 97% et encore une fois d'un dossier complet. Pour Player One "la plupart des fans de la version MD ont été déçus en voyant le jeu sur Super Nintendo. La version Capcom est peut être un peu plus classique, moins novatrice mais cela n'en fait pas pour autant un mauvais jeux".
Même son de cloche outre-atlantique, EGM donne un excellent 33/40 saluant les même qualités que leurs confrères français. Une petite pique toutefois: "bien que l'animation fasse pale figure par rapport à la version Megadrive, cette cartouche ne doit pas être sous estimé."
GameFan est tout aussi élogieux avec une moyenne de 89/100 et les quatre testeurs insistent sur le "Capcom feeling". Là aussi, une comparaison avec l'autre Aladdin "Après avoir joué à Aladdin sur Megadrive je n'étais pas très intéressé par la version SNES. J'aurais du être plus avisé." et encore une fois le manque d’intérêt laisse place au plaisir.
Remake
En 2003, Capcom ressort Aladdin sur GBA dans une version fidèle à l'originale mais agrémentée de niveaux supplémentaires. Rajout un peu forcé, qui rallonge la durée de vie sans forcément être très naturel. Le jeu reste toutefois très agréable et le portage est plutôt réussi.
Je me rappelle très bien ma première rencontre avec cet Aladdin Snes dans ma jeunesse: la déception de ne pas pouvoir avoir le bijou de la Megadrive. Aujourd'hui, je prends beaucoup plus de plaisir sur le jeu de Capcom, qui est meilleur en terme de gameplay et de level design, et je trouve dommage qu'il soit un peu oublié. C'est un excellent platformer qui mérite un peu plus de considération. Laissez vous tenter, vous ne le regretterai pas.
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