Shutokou Battle 首都高バトル (Tokyo Xtreme Racer / Tokyo Highway Battle)
Shutokou Battle (首都高バトル) / Tokyo Xtreme Racer - Dreamcast (1999)
Shutokou Battle est un épisode charnière dans lequel Genki fait table rase de beaucoup d'éléments majeurs qui définissaient sa série et qui étaient présent depuis sa création. On parlerait aujourd'hui d'un reboot, le titre lui-même redémarrant le comptage de zéro, effaçant presque l'antériorité d'une série ayant connu un bon succès commercial comme l'atteste les sorties dans la gamme budget "The Best" des deux épisodes Playstation.
L'équipe de développement ne reprend aucun staff des épisodes précédents, et l'on retrouve à la tête du projet un vétéran de Genki, Hiroshi Hamagaki (浜垣 博志) qui officiera par la suite sur plusieurs Shutokou Battle. Porte de sortie aussi pour les deux figures tutélaires, Keiichi Tsuchiya et Masaki Bandoh, à la fois consultant et tête d'affiche des épisodes canoniques.
Nouvelle console et nouvelle génération également, mais la Dreamcast n'est toutefois pas une inconnue pour les équipes de Genki qui ont participé à l'adaptation de Virtua Fighter 3 TB sur la 128bits de Sega. Le développeur profite donc de sa proximité avec la firme de Haneda pour se lancer en solo peu après le lancement de la Dreamcast.
La team de développeurs a semble t'il voulu se recentrer sur le cœur de gameplay, les duels. Ce nouvel épisode n'est pas tant un jeu de course, qu'un jeu de combat au volant d'une voiture. Tout tourne autour de ces duels! L'objectif n'est plus de gagner une course mais de battre son adversaire dans un duel en 1vs1. Pour cela il suffit de faire baisser la jauge de son adversaire, plus il y a d'avance et plus la barre baisse vite. Ça vous fait penser à un Vs fighting? C'est bien normal! Pour réussir à gagner, on peut se contenter d'aller plus vite, mais on peut avoir une conduite beaucoup plus agressive, rien de plus efficace que d'envoyer son adversaire sur un véhicule ou vers un poteau, en général c'est la victoire assurée. L'IA ne se gênera pas non plus pour vous renvoyer la pareille, très rapidement la conduite des duellistes gérés par l'ordinateur devient belliqueuse, les véhicules zigzaguent pour empêcher de se faire dépasser, essayent de vous envoyer dans le décor, bref font tout pour pourrir la course. Cela donne des courses plutôt courte, moins de 2 minutes en général, mais intenses et disputées. Comme dans un jeu de combat.
Le gameplay est assez largement modifié, oubliez les drifts sans fins des épisodes précédents, la conduite est beaucoup moins flamboyante, on sent d'ailleurs l'impact du départ de Keichii Tsuchiya le "Drift King". Le jeu garde un mix arcade/simulation plutôt bon, ainsi que la "lourdeur" dans le maniement, surtout au début du jeu avec les voitures les moins puissantes. Mais contrairement à ce que je lis souvent la conduite n'est ni bâclée ni inintéressante! Elle repose beaucoup sur les transferts de masses qui sont très bien retranscrit et très agréables lorsque l'on maitrise bien le gameplay. En fait, la maniabilité donne l'impression d'avoir un volant, il ne suffit pas toujours de mettre des petits coups dans une direction mais de vraiment accentuer le mouvement comme lorsqu'on utilise un volant. Il est aussi possible après avoir amélioré sa voiture de modifier un certain nombre de réglage qui permettent de réellement adapter le comportement à sa conduite, et c'est très réussi. Le tuning a largement été remanié aussi dans cet épisode, on sent cette fois la marque du départ de Masaki Bandoh. Le choix est simplifié avec des stages d'amélioration et moins de diversité. Par contre, lorsque les améliorations sont installées il est possible de modifier les réglages. Plus besoin d'acheter différentes pièces selon le type de réglage que l'on souhaite. Et pour la première fois dans la série, il est possible d'acheter des modifications esthétiques! Pas mal de choix disponible, et c'est un vrai plaisir de pouvoir tuner sa caisse à fond!
Alors que les épisodes précédents proposaient des circuits urbains, cette fois c'est carrément une partie d'autoroute de Tokyo qui est reproduite fidèlement. Il s'agit du C1 Loop Line qui traverse l'hyper centre de la mégalopole. Il est possible de le prendre dans les deux sens, choix que l'on effectue lors du début de course, il est possible de choisir aussi de quels points démarrer. Ce choix n'est pas anodin puisqu'il permet de changer les groupes que l'on rencontre sur la route. Il ne reste plus alors qu'a vagabonder sur la route et lancer un défi quand on croise un rival.
Le terrain de jeu est grand et donne un sentiment d'immersion grisant pour les amateurs. La série n'a jamais été aussi proche de la retranscription d'une course illégale. On slalome dans le trafic, peu abondant, mais suffisamment contraignant pour gêner à pleine vitesse.
Mais l’inconvénient majeur, c'est qu'il n'y a jamais de renouvellement. Il y a beau avoir différentes contraintes sur les portions de routes, comme des enchainement de virages rapides, des enchainements plus serrés ou encore des passages dans des tunnels, l'excitation laisse place à une certaine monotonie.
Le renouvellement vient plutôt des rivaux, organisés par groupes "thématiques" (moteur rotatif, véhicule léger, modèle spécifique, etc...), avec une longue liste de participant à vaincre pour arriver à battre les leaders de chaque groupe, puis enfin des boss, jusqu'à atteindre la fameuse Z Devil. On retrouve encore la mythique Datsun de Wangan Midnight qui comme de coutume arrache tout sur son passage. Un effort particulier a été réalisé sur l'IA des concurrents, certains sont très agressifs, d'autres font des erreurs, bref leurs comportements est très marqués et amène une variété dans les duels. Malgré ces points favorables, le jeu a tendance a tourner en rond et les joueurs les moins conquis par l'ambiance auront vite fait de laisser tomber la manette pour passer à autre chose.
Shutokou Battle va connaitre une belle réussite commerciale, à l'aune de ce que cela peut être pour un jeu Dreamcast, et va se vendre à plus de 170 000 exemplaires au Japon avec un démarrage en trombe à la sortie puisqu'il va pendant plusieurs semaines se placer dans les premières places de listings de vente. On ne peut pas dire que la campagne marketing fut importante, pas de trace du jeu dans le Dreamcast Magazine japonais avant sa sortie, et une couverture minime. Une sortie américaine se faite très rapidement, seulement deux mois après la sortie japonaise, en aout ainsi qu'une sortie européenne dès le mois de novembre. Le catalogue peu fourni de la Dreamcast a du pousser Genki a sortir rapidement son jeu en occident. Pas de chiffre précis pour les deux sorties mais les ventes ont du être satisfaisantes puisque Genki va ensuite continuer de distribuer les suites.
Pierre angulaire pour la série, cette épisode Dreamcast va confirmer la popularité au Japon mais surtout créer une base de fan en occident. On le sait maintenant, ce jeu va être un des fers de lance d'une tripotée de jeu voiture ayant en commun cet univers tuning/course illégale fortement teinté de la culture racing japonaise.
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