Devil Summoner: Raidou Kuzunoha vs. The Soulless Army デビルサマナー 葛葉ライドウ対超力兵団 [PlayStation 2]


Déjà plus de 30 ans que la série Megami Tensei nous plonge dans les tréfonds d'un Japon apocalyptique, où anges et démons se battent sur les décombres d'une civilisation humaine anéantie par le poids de ses propres péchés.

Longtemps inaccessible hors du Japon, les Persona lui ont permis d'acquérir ses lettres de noblesses à l'étranger et encourager une diffusion beaucoup plus importante. Le succès de Persona 5, tant critique que commercial, établit définitivement la popularité de cette série culte.

Les SMT ont la force des grandes sagas du jeux vidéo, proposer un canevas commun a toutes ses productions tout en évoluant et en se redéfinissant au fur et à mesure des nouvelles sorties.Alors les ingrédients d'un SMT c'est quoi? Du RPG, des créatures mythologiques, Tokyo, l'apocalypse et des choix moraux. Et en général ça donne un jeu de grande qualité.

Alors, et Devil Summoner Raidou Kuzunoha vs. The Soulless Army dans tout ça? A part concourir pour le titre le plus long de la série, il se positionne surtout comme un des jeux s'éloignant assez nettement des canons habituels. Deuxième épisode d'un des innombrables spinoffs, Devil Summoner, il accumule les particularités: un gameplay action-RPG, une période historique passé du Japon ou encore un personnage nommé.


Après la Maniax Edition de SMT III, le producteur Kazuyuki Yamai et son équipe veulent se lancer dans un nouveau projet Devil Summoner sur portable. L'idée de départ est d'avoir un jeu plus compact qui correspond bien au principe des D-S, suivre les aventures d'un détective lors de ses enquêtes. Avec le temps, les idées et l'ambition du projet vont rendre impossible le développement sur portable et le jeu sera développé pour la PS2.

Cette genèse va laisser des traces. Il s'agit d'un des SMT les plus courts, il se termine en une petite vingtaine d'heures. Et tout en étant un jeu extrêmement plaisant, on se rend bien compte qu'il manque d'envergure et que le terrain de jeu est limité. Mais ce qu'il perd en stature, il le gagne en rythme et en plaisir de jeu.

Spécificité des Devil Summoner, le jeu se déroule dans le cadre d'une enquête. La progression est bien balisée et entraine le joueur a découvrir les différents quartiers qui s'ouvrent au fur et à mesure du développement de l'histoire. Les quartiers, bien que n'étant composés de quelques tableaux fixes, apparaissent très vivant avec beaucoup de PNJ vacant à leurs occupations et pouvant être interrogés.
L’enquête oblige d'ailleurs Raidou à questionner ces PNJ pour trouver les informations nécessaires. Il peut utiliser pour cela ses démons qui ont selon leur types une ou deux capacités spéciales (télépathie, calmer ou énerver, etc...).


Tout au long de ses déplacements, un combat aléatoire peut se déclencher, le rythme est d'ailleurs très élevé et peut lasser un peu. Mais c'est un défaut classique des J-RPG de cette époque. Le combat se déroule dans un zone spécifique fermé en temps réel. C'est une grande première pour la série, qui garde ce qui fait la force des SMT à savoir l'utilisation des démons, par contre pas d'équipe on ne peut en utiliser qu'un seul à la fois.
Les combats sont simplifiés et brouillon mais dynamiques. Le joueur contrôle Raidou qui peut attaquer au corps à corps par la sabre ou à distance par un pistolet qui permet d'infliger des attaques élémentaires. Le démon est indépendant mais il est possible de lui donner des ordres, ou de le téléporter près de soi.


Une jauge de confiance se remplit au fur et à mesure des combats et après un passage de niveau il est possible de débloquer un pouvoir spécial très puissant.
Cela oblige à faire pas mal de combat avec chaque démon afin de pouvoir utiliser au max ses capacités. Le rythme très soutenue des combats apparait de ce point de vue là nécessaire.
Enfin comme d'habitude il est possible de fusionner ses démons (seulement si la jauge de confiance est au max) afin d'en obtenir des plus puissants.


Bref un bon petit action RPG, avec suffisamment de profondeur pour passer un bon moment.

Mais là où ce Devil Summoner brille de mille feux c'est dans son background, qui se déroule lors de la 20ème année de l'ère Taisho à Tokyo... Ce qui nous entraine normalement en 1932, soit la 6ème année de l’ère Showa dans la réalité historique! Il s'agit en fait d'une dystopie. L’ère Taisho est une époque très particulière pour la Japon. Bien que très courte, elle est au cœur de profond bouleversement pour le Japon. C'est une période de très grande prospérité économique et aussi de libéraliation de la société associé à un occidentalisation rapide mais aussi conflictuelle. Le Japon devient une des grandes puissances mondiales. Pourtant, toutes ces évolutions vont amener le Japon à une militarisation galopante pendant l'ère Showa et entrainer le pays dans la seconde guerre mondiale.
On retrouve ses thèmes dans le jeu, les difficultés de la modernisation et les clashs entre la tradition et l'occidentalisation. La militarisation et le rôle des militaires est aussi un des ressorts majeurs du scénario. Beaucoup de petit détails permettent de s’immerger dans cette période peu usitée dans les médias.

Un des boulots extraordinaire de l'équipe a été de recréer le Tokyo de l'époque, et il s'agit clairement d'une réussite. On découvre l'opulence de Ginza l'occidental et son tramway, les bâtiments typiques du red-light district, ou encore le quartier ancien de Fukagawa. 


       

L'une des inspirations majeures pour ce jeu, est la série de roman des Teito Monogatari.

Littéralement les contes de la capitale impériale. La proximité est très claire avec le background et les thèmes des romans. Série très populaire dans les années 80, elle va populariser la mythologie traditionnelle japonaise du onmyōdō et fūsui. 
Gameplay agréable et dynamique, background historique riche et passionnant. Ce Devil Summoner est une réussite trop largement méconnue. Le jeu a reçu un accueil critique plutôt bon mais sans non plus trop attiré l'attention. Un suite sortira 3 ans plus tard et marque pour le moment la dernière aventure de Raidou. Prenez le temps de découvrir cette excellent jeu et de découvrir une époque importante de l'histoire du Japon.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Sharp X680000

Les films interactifs c'est pas des vrais jeux... Mais c'est quand même sympa - Road Avenger [Mega-CD]

Shutokō Battle 2: Drift King Keiichi Tsuchiya & Masaaki Bandoh 首都高バトル2 ドリフトキング 土屋圭市&坂東正明